Dans les pays industrialisés, la répression de l'homosexualité et de la bisexualité
s'effectue à l'aide du harcèlement moral. Peu de personnes profondément certaines de leur orientation sexuelle font partie des homophobes.
En fait, un homme épanoui et certain de son attirance auprès des femmes
porte peu d'attention aux homosexuels qui ne constituent pas pour lui des concurrents potentiels. Il affichera une attitude courtoise et agira
envers eux comme il agit envers n'importe quel autre citoyen. Il
faut donc prendre conscience que les homophobes font partie d'une
catégorie à part.
Comme nous l'avons vu des études démontrent que les hommes sont
plus tenus de respecter les stéréotypes sexuels que les femmes et que
violer les stéréotypes sexuels amène une condamnation sociale et des conséquences psychologiques plus sévères pour les jeunes hommes que pour les jeunes femmes.
La répression de l'homosexualité se manifeste particulièrement lors de l'enfance et l'adolescence alors que des candidats (non profondément certains
de leurs orientation sexuelle) exercent une pression sur ceux qui font
peur (concernant la sexualité) ou qui risquent de les "entraîner"
sur une voie qu'ils appréhendent et tentent d'éviter. Ainsi, les jeunes
hommes plus féminins, plus chétifs, moins sportifs sont plus souvent
victimes de railleries, de dénigrement, de violence, d'exclusion et de
taxage.
Bell et Weinberg (1978), rapportent un taux de 35% de répondants homosexuels ayant tenté de se suicider. Ils estiment que les jeunes
hommes homosexuels sont, à l'âge de 20 ans, 13 fois plus susceptibles
que les hommes d'orientation hétérosexuelle de commettre un acte
suicidaire. Bagley et Tremblay, (1997) montrent que les jeunes hommes homosexuels et bisexuels comptent pour 62,5 % des jeunes hommes
ayant tenté de se suicider, alors que la population d'orientation
homosexuelle ou bisexuelle ne représente que 12,7 % du total.
Ils en concluent que les jeunes hommes d'orientation homosexuelle
ou bisexuelle de 18 à 27 ans sont presque 14 fois plus à risque de
tenter de se suicider que les jeunes hommes d'orientation hétérosexuelle.
Gary Remafedi (1998) arrive à des résultats similaires : les jeunes
hommes de 13 à 18 ans qui se déclarent ouvertement homosexuels
ou bisexuels rapportent sept fois plus souvent avoir fait des tentatives
de suicide qu'un groupe témoin composé de jeunes hommes
hétérosexuels présentant le même profil sociodémographique.
28 % des répondants homosexuels ou bisexuels de cette étude
rapportaient avoir fait une tentative de suicide. Une récente
enquête du magazine gai québécois RG montre que 44 % des
125 répondants ont songé au suicide et que 26 % rapportent
avoir déjà tenté de s'enlever la vie.
La répression effectuée par des personnes à orientation
bisexuelle ou homosexuelle envers les homosexuels :
La répression active envers les homosexuels peut servir de
couverture à des activités bisexuelles ou homosexuelles cachées
ou à des comportements refoulés. Comme nous l'avons déjà
exprimé, un homme épanoui dans sa sexualité a peu de
tendance à l'afficher, l'imposer, la magnifier et s'offrir en
spectacle verbal à tous les jours : il se contente de la vivre
et en est satisfait. Il n'est plus rare de découvrir qu'un homme stéréotypiquement macho affichant des comportement masculins
outranciers et une homophobie très ouverte et quotidienne
tente ainsi de dissiper tout soupçon sur sa propre orientation sexuelle
secrète en tentant constamment de faire la preuve par l'inverse. Il faut
ainsi se méfier des homophobes viscéraux qui mettent tant d'art
à nous convaincre qu'ils sont à mille lieux de toute homosexualité.
Une telle énergie déployée quotidiennement risque de cacher
une toute autre réalité.
Le cas de Georges :
Georges, un homme marié et père de trois enfants possède
une carrure paléolithique. Sportif et adepte du plein air
c'est un bout en train. Au travail comme à la maison
il démontre des allures masculines très accentuées tant en
paroles que dans les gestes. Il ne manque jamais
l'occasion de siffler au passage d'une belle femme
et s'exclame à chaque apparition d'une femme à la
télévision. Il ne cesse d'effectuer des blagues homophobes
et se moque de tous les hommes délicats ou aux allures
plus féminines. Il ne craint pas de qualifier, dénoncer, intimider
tous ceux qu'il perçoit potentiellement homosexuels et pour
ce cas, on dirait qu'il possède un second sens. Il dévore
les pages sportives du journal et s'abonne à une revue de type
"playboy". C'est un amateur de lutte et de boxe. Trois
semaines par année il se retrouve exclusivement entre
hommes (deux semaines de chasse à l'automne et une
semaine de pêche durant l'été). Il exprime très bien son besoin
de se retrouver en pleine nature, loin de la civilisation
pour refaire son énergie. Son épouse sent bien
que l'accompagner lors de ces défoulements dans la nature
serait impossible et qu'elle ferait face à un refus catégorique
de sa part. Elle respecte donc les besoins de son homme.
De plus elle est sans inquiétude de le voir partir chaque
année avec Gilbert, un homme très masculin, père de quatres
enfants et un ami de Georges depuis l'enfance. Ils sont
tellement semblables qu'on dirait deux frères.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes
jusqu'au jour où un ami de bureau va rejoindre
Georges pour une visite à l'improviste au camp de
chasse. À son retour il a contacté l'épouse de Georges
pour lui faire part de son inquiétude face à des
comportements "étranges" constatés entre Georges et
Gilbert. Il n'est demeuré que deux jours mais il
semble bouleversé, indécis et met en garde l'épouse
de Georges de jeter un oeil plus attentif au comportement
de son homme.
Au retour de Georges, son épouse lui demande ce qui
se passe entre lui et Gilbert. Georges esquive d'abord
les questions et finira par avouer qu'il s'amuse avec Gilbert
("mais rien de conséquent... juste des jeux entre gars
pour se faire un peu de plaisir"... "Il ne faut pas croire
tout ce qu'André te dira...".) L'univers de l'épouse de
Georges s'écroule en apprenant que son mari a en fait
un comportement bisexuel ; et ce depuis des années.
Analysons maintenant de plus près la liste
des victimes psychologiques de Georges :
Plusieurs copains de classe qu'il humiliait et molestait.
Un beau frère qui faisait les frais de ses soupçons, de ses remarques répétées et de ses blagues les plus savoureuses.
Un cadre au bureau harcelé jusqu'au burnout et qui fut muté dans un autre département face au rejet du groupe en partie orchestré par Georges.
Un voisin homosexuel qu'il invective de temps en temps
Son épouse trompée
Son fils adolescent qu'il critique et infantilise.
On n'a jamais effectué le décompte exacte des victimes de Georges
mais son homophobie viscérale possédait de profondes racines
liées à des mécanismes psychologiques de survie et d'évitement
car dans les faits, Georges a toute sa vie, été incapable de faire
face à lui-même. Dans la tête de son épouse tout se bouscule :
qu'admirait-il chez ses boxeurs et ses lutteurs favoris, qu'est-ce
qui attirait Georges dans les pages sportives du journal, pourquoi
sifflait-il les femmes en dépit du malaise qu'elle lui avait verbalisé
lorsque Georges affichait un tel comportement? Qu'avait-il a
trouver et dénicher des manques constants de virilité chez son
fils (comme si il s'attendait à ce que son fils soit homosexuel).
En fait, toute sa vie Georges a maltraité d'autres hommes
pour un problème qui était le sien. Pour son incapacité
à comprendre, à accepter et à maîtriser certaines de ses
pulsions sexuelles.
Malheureusement Georges n'est pas seul. On est même allé
jusqu'à constater d'étranges accidents de chasse lorsque
des hommes se retrouvaient piégés dans des invitations
à la chasse qui tournaient au vinaigre : ici un neveu
de 24 ans décédé étrangement, là un confrère chasseur...
Mais ici, rien de cela. Notre Georges n'est pas un meurtrier ;
du moins pas au premier degré du mot car à l'école,
un de ses compagnons de classe s'est suicidé face au
rejet de son père et à celui du groupe dans lequel
George était particulièrement virulent.
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