Anatomie de l'orientation sexuelle
La prise de conscience de l'orientation sexuelle se développe
la plupart du temps à l'adolescence et se poursuit tout au long de la vie. C'est ainsi, que se stabilise l'orientation sexuelle. La relation sexuelle pourra valider notre préférence
(attirance sexuelle) pour un sexe ou l'autre (garçon ou fille).
Plusieurs facteurs interviennent en ce qui concerne l'attirance sexuelle éprouvée envers une personne, entre autres, le lien qui nous lie à cette personne, sa personnalité, son apparence physique etc...
Ces caractéristiques ne sont pas associées à un genre plus qu'à un autre. Elle s'applique aussi bien pour un sexe que pour l'autre. Bien peu de personnes peuvent affirmer
à 100 % être homosexuelles, hétérosexuelles ou bisexuelles.
Le Docteur Alfred Kinsey a créé une échelle, graduée
entre hétérosexualité (0) et homosexualité (6), pour évaluer
les individus en fonction de leurs expériences et leurs réactions psychologiques.
Les graduations sont :
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Entièrement hétérosexuel(le) |
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Prédominance hétérosexuelle, occasionnellement homosexuel(le) |
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Prédominance hétérosexuelle, avec un «passé» homosexuel bien distinct |
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Également hétérosexuel(le) et homosexuel(le) |
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Prédominance homosexuelle, avec un «passé» hétérosexuel bien distinct |
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Prédominance homosexuelle, occasionnellement hétérosexuel(le) |
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Entièrement homosexuel(le) |
Dès le très jeune âge, l'enfant commence à développer une image de soi en fonction de sa relation à son environnement immédiat. Blos (1988) différencie deux niveaux. D'une part, il y a l'identité du genre (maleness) qui permet à l'enfant de se dire d'emblée garçon et qui apparaît très tôt, vers
la seconde moitié de la deuxième année. D'autre part, on retrouve l'identité sexuelle (masculinity) qu'il définit comme un système endogène de comportements, d'attitudes, de symbolisations et de significations qui se développe avec la maturation sexuelle et la réorganisation psychique à l'adolescence. Il n'en demeure pas moins que l'identité représente une synthèse et ainsi peut être envisagée d'un point de vue développemental à la fois en continuité et en rupture des identifications antérieures.
Plusieurs reconnaissent aux garçons une plus grande vulnérabilité dans ce processus. Pour se représenter comme masculin, le garçon doit cesser de s'identifier à la mère, ne plus lui ressembler (Badinter, 1992). Il doit non seulement se séparer d'elle, comme la fillette, mais aussi chasser tout aspect de sa mère en lui (Klein, 1984). Ce rejet des identifications primaires maternelles féminines entraîne tout un travail de deuil (Bégouin-Guignard, 1988), de ruptures (Marcelli, 1989), particulièrement difficile pour le garçon.
De plus, des études démontrent que les hommes sont plus tenus de respecter les stéréotypes sexuels que les femmes (Klein, 1984), alors même que ces stéréotypes, particulièrement celui de l'homme macho, sont vertement
critiqués depuis une vingtaine d'années (Tremblay, 1989). Violer les stéréotypes sexuels amène une condamnation sociale et des conséquences psychologiques plus sévères pour les hommes que pour les femmes (Pleck, 1982). Il semble également que la pression des pairs soit encore plus forte chez les adolescents. Or, si les femmes ont réussi à développer un nouveau modèle sexuel positif (qu'on pourrait résumer comme celui de la femme de carrière qui ne s'en laisse pas imposer), il n'en est pas de même pour les hommes qui continuent à faire face à un modèle masculin dévalorisé,déchu, blessé (Hurstel et Delaisi de Parseval, 1990). On reconnaît aux personnes significatives, et en particulier au parent du même sexe (Blos, 1988; Badinter, 1992) un rôle considérable dans la formation de l'identité. En ce sens, le père doit conserver une image positive. Or le garçon doit apprendre d'un père souvent absent,
physiquement ou affectivement (Corneau, 1989). Dans de tels cas,il connaît son père à travers la vision déformée qu'en livre la mère,vision déformée par la sourde colère intérieure de se retrouver seule avec la charge des enfants (Osherson, 1986). Ce type de père, tenu et se tenant en périphérie de la famille (Osherson, 1986), centré sur le travail,
peu préoccupé par les soins des enfants, représente plus un symbole dans l'imaginaire de l'enfant qu'un pôle réel d'identification positive. Combien d'enfants ont espéré plus d'attention de leur père - ne serait-ce qu'un
sourire, une caresse, une marque d'affection quelconque. Ainsi, trop souvent les jeunes sont confrontés à une idéalisation trop forte du père (causée par son absence) ou au contraire à une figuration hyperconcrète
de l'image déchue du paternel ne laissant aucune place à une imitation ludique (Marcelli, 1989). Cette absence du père est renforcée par la quasi-absence des hommes des soins et de l'éducation des enfants dans les services tels que garderies, maternelles, écoles primaires, etc.
(Tremblay, 1989).
D'autres considèrent que c'est davantage la qualité ou le style des interactions du père avec son fils que son absence qui influence la formation de l'identité (Werrbach, Grotevant et Cooper, 1992). Or,les études démontrent la pauvreté des relations pères-fils comparées avec la mère et les amis et amies (Youniss et Smollar, 1985). Le père est celui le moins choisi par les adolescents pour discuter des sujets qui demandent plus d'ouverture et d'intimité. Les pères sont perçus comme fermés, jugeurs, ne respectant pas le point de vue de leurs fils. Les fils se sentent plus distants, plus inconfortables et plus craintifs avec leur père comparativement aux autres personnes importantes de leur vie. Il ne faut donc pas se surprendre que le père soit le dernier à qui le fils révèle son homosexualité.
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